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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

Physique de son temps, et je ne craindrai pas d’entrer dans quelques détails pour satisfaire votre curiosité.

Il admettait cinq éléments : le phlegme ou l’eau, l’esprit ou le mercure, le soufre ou l’huile, le sel et la terre. Ces cinq principes représentent l’image fidèle de la distillation. Ainsi, tandis qu’Aristote était évidemment parti de la combustion du bois pour établir ses quatre éléments, Le Fèvre fut conduit à admettre ces cinq éléments par les résultats que fournissent les matières végétales soumises, non plus à la combustion, mais a l’action de la chaleur en vase clos.

Les péripatéticiens trouvaient dans la flamme du bois qui brûle, dans la fumée qui s’en exhale, dans l’eau qui en suinte et dans la cendre qu’il laisse, les quatre éléments naturels du corps. Aux yeux de Nicolas Le Fèvre, ce mode de destruction ne mettait pas en évidence tous les principes de la matière : il fallait les chercher dans les produits de la distillation. Or qu’obtenait-il en distillant soit le bois, soit toute autre matière prise dans les végétaux ou les animaux ? Il voyait se dégager des gaz qu’il confondait sous le nom d’air; il recueillait une liqueur aqueuse chargée d’acide acétique, qui lui offrait à la fois l’eau et l’esprit : car le vinaigre était pour les anciens chimistes un esprit acide ; il obte-