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NICOLAS LE FÈVRE.

charbon. C’est qu’ils se contentent d’aller prendre leurs grades dans quelque université, et qu’ils se pavanent ensuite avec leur soutane, leur perruque, leurs parchemins et leurs sceaux. Le chimiste, au contraire, se tient attentif devant les vaisseaux de son laboratoire, dissèque laborieusement les mixtes, ouvre les choses composées, de manière à découvrir ce que la nature a caché de beau sous leur écorce. »

La distinction qu’établit ainsi Le Fèvre entre la Chimie et la Physique, telles qu’on les entendait de son temps, peut vous étonner ; mais elle est vraie. La Chimie, prenant toujours l’expérience pour guide dans ses recherches, pouvait exposer dès lors ses résultats précis ; l’autre science, rejetant ce flambeau pour s’attacher à des idées purement hypothétiques, se perdait au milieu d’un dédale d’arguties puériles. Voilà pourquoi Nicolas Le Fèvre, en même temps qu’il témoigne pour l’une la plus haute admiration, traite l’autre avec un mépris si profond.

Ainsi se continue cette lutte entre la Chimie naissante et la Physique scolastique, que nous avons vu naître à une époque plus reculée. Vous me demanderez maintenant à quel ordre d’idées Le Fèvre empruntait ses doctrines, puisqu’il repoussait avec tant de force les vues générales de la