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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

lité quelconque dans un corps, s’y accroître une propriété médicale par exemple. Ainsi, pour lui, la quintessence du vin, c’est l’alcool ; la quintessence du drap bleu, c’est la couleur bleue. Et de fait, tant qu’il parle des matières organiques, on le comprend très-bien. S’agit-il des métaux, voici la figure qu’il emploie.

Dans une maison habitée, il y a deux choses, l’homme et la maison : l’un qui va, vient, s’agite, qui veut et qui peut ; l’autre immobile, qui ne change d’aspect ou de forme qu’autant que l’homme le veut bien. Tel est le mercure et tels sont les minéraux métalliques ; ils ont en eux la maison et l’habitant animé, qui en est la quintessence. Si vous pouvez extraire ce dernier, vous avez la pierre philosophale et la panacée réunies. Mais, hélas !… comment saisir cet homme qui se barricade en son logis, sans abattre la maison et sans l’écraser sous les décombres ? Comment isoler cet esprit caché des métaux, sans traiter ceux-ci par des dissolvants de nature trop brutale, qui l’éteignent ou l’emprisonnent sous de nouvelles écorces.

Or il serait aussi facile de faire bâtir une nouvelle maison par un homme mort que d’obtenir une transmutation, au moyen de la quintessence des métaux dont l’esprit s’est évanoui sous la main de l’artiste ignorant.