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AFFINITÉ.

Pour moi, j’admettrais volontiers les idées de Berthollet, quand il s’agit d’acides ou de bases dont l’énergie est à peu près égale ; mais, lorsque des corps doués d’affinités très-énergiques sont en présence d’autres corps dont les affinités sont très-faibles, je propose d’adopter la règle suivante : Dans une dissolution, tout demeurant dissous, les affinités fortes se satisfont, laissant les affinités faibles s’arranger entre elles. Les acides forts prennent les bases fortes, et les acides faibles ne peuvent s’unir qu’aux bases faibles. Les faits connus sont parfaitement d’accord avec cette règle pratique.

D’après cela, par exemple, en mêlant de l’acétate de potasse et du sulfate de fer, les deux sels devront se décomposer mutuellement et former du sulfate de potasse et de l’acétate de fer. Et effectivement, si l’on soumet un tel mélange à l’action de l’acide sulfhydrique, le fer se précipite à l’état de sulfure, comme d’une dissolution d’acétate, effet qui n’a jamais lieu avec le sulfate.

Mais maintenant il faut revenir sur nos pas, pour juger de la différence des deux points de vue. Si vous avez adopté le raisonnement de Berthollet, presque tous les faits de la Chimie se trouvent nettement expliqués et saisis clairement dans leur ensemble. Si, au contraire, vous venez dire : d’une part, dans une dissolution, les affinités fortes se