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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

de ce dernier, en voici un qui me semble très-puissant. Je prends une dissolution d’acide borique ; son action sur la teinture de tournesol est tout autre que celle qu’y produisent les acides énergiques, tel que l’acide sulfurique : il y a seulement coloration en rouge vineux. Que j’ajoute ensuite une dissolution de sulfate de soude ; si, suivant la pensée de Berthollet, les deux acides borique et sulfurique se partageaient la base, une partie de l’acide sulfurique deviendrait libre, et la liqueur passerait par conséquent du rouge vineux au rouge pelure d’oignon, couleur qu’acquiert le tournesol en présence de cet acide ; cependant vous ne remarquerez aucun changement de teinte. Voulez-vous que je vous rende témoins de l’effet qu’aurait déterminé l’acide sulfurique libre ? J’en verse quelques gouttes, et aussitôt apparaît le rouge pelure d’oignon dont je vous parlais, et dont la nuance ne se modifiera plus, quelle que soit la quantité d’acide que j’ajoute.

Avec l’acide sulfhydrique et l’acide carbonique, je pourrais vous montrer des résultats tout semblables. Il faut donc conclure que le partage supposé par Berthollet n’a pas toujours lieu, ou tout au moins qu’il s’effectue de telle sorte que l’acide énergique s’empare de la presque totalité de la base, et qu’il n’en laisse qu’une quantité inappréciable à l’acide faible.