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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

ques exceptions, elles étaient fort rares, et que la connaissance de ces affinités permettait de prévoir toutes les réactions. Eh bien, par une de ces grandes révolutions, comme il s’en est rarement réalisé en Chimie, Berthollet a démontré précisément le contraire ; car il s’est attaché à établir, par des expériences positives, que les phénomènes dus à l’affinité pure sont du domaine de l’expérience et ne peuvent se prévoir, tandis que, tout au contraire, ceux où l’affinité est modifiée se prévoient facilement. Il a montré de plus que les premiers sont bien plus rares, et que les derniers se présentent à chaque instant. En un mot, Berthollet semble avoir pris le contre-pied des propositions de Bergmann, et par là il a rendu un service inespéré à la Chimie, surtout en ce qui concerne l’étude des réactions qui se passent au sein d’un dissolvant.

Ses idées se trouvent exposées dans sa Statique chimique, l’un des ouvrages qui honorent le plus la Chimie française. Le premier germe de ce livre célèbre a été conçu en Égypte. Vous savez en effet que Berthollet avait accompagné Napoléon lors de son expédition dans cette contrée, et c’est là qu’il a arrêté dans son esprit les bases de sa Statique. Cet ouvrage, au surplus, est écrit d’une manière un peu obscure. Les idées y sont belles et nettes, mais leur exposition est confuse et embarrassée : il est