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AFFINITÉ.

Lavoisier, dont le talent a si hautement servi la Chimie, ne nous a rien appris relativement à l’affinité. On le voit seulement, en 1788, se borner à dire qu’il a quelques idées sur cette force, et qu’un jour il s’en occupera.

Mais Bergmann exprime hautement sa pensée, et marque si bien l’état des opinions à ce sujet avant Berthollet, qu’il est nécessaire de s’y arrêter un peu.

Bergmann s’était d’abord adonné à l’étude de l’Astronomie. Les idées de Newton l’avaient vivement frappé. Rempli d’admiration pour sa découverte des lois de la gravitation universelle, et pressé par un noble sentiment d’émulation, il ambitionna de répandre sur la science des mouvements moléculaires une lumière semblable à celle que Newton avait fait briller sur la science qui s’occupe des mouvements des corps célestes. C’est là l’idée qui l’a toujours dominé : on voit que ce fut l’occupation de toute sa vie. Malheureusement il a échoué.

Bergmann avait reçu de la nature et de la fortune tout ce qu’il faut pour se livrer avec succès aux recherches de laboratoire. Homme d’expérience, il a constamment pris dans ses Mémoires l’observation pour guider, et l’on pourrait croire que jamais il ne s’en est écarté. Mais lit-on son Traité des affinités chimiques, on ne peut s’expliquer les fautes qu’il