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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

des doctrines générales sur des bases encore imparfaites. Pott était un chimiste prussien, manipulateur très-habile, dont les ouvrages ont été rassemblés en 1759. En toutes circonstances, il se borne à constater les faits. Ici il signale une combinaison, là une séparation, ailleurs une double décomposition. Mais du reste jamais il ne fait de réflexions sur les faits qu’il relate ; jamais il ne se mêle d’essayer de remonter à la cause. Quand il parle de l’action de l’acide chlorhydrique sur les azotates d’argent, de mercure, de plomb et de bismuth, il fait remarquer que les chimistes français attribueraient la précipitation produite à l’affinité ; « car, dit-il, ce mot leur plaît beaucoup ». Quant à lui, il aime mieux se borner à énoncer que « l’acide marin précipité s’approprie et cornufie les métaux blancs dissous dans l’acide nitreux ». Au fait, ses ouvrages sont des livres riches en faits bien observés, qui ont marqué à l’époque où ils ont paru et que l’on peut encore consulter aujourd’hui, quelquefois avec fruit. Sa réserve est souvent bonne à imiter pourvu qu’on n’exagère rien. Attachons-nous d’abord à constater les faits : nous en chercherons ensuite les lois. Mais ce n’est pas à réunir des faits que se borne la tâche de la Science, et nous devons reconnaissance à ceux qui cherchent des lois, même quand ils échouent dans leur entreprise.