Page:Dumas - Leçons sur la philosophie chimique, 1878.djvu/409

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
405
AFFINITÉ.

Cherchaient-ils à prendre vraiment les faits pour point de départ, ils étaient conduits à multiplier les forces d’une manière déplorable, ou à reconnaître des modifications sans nombre dans la force supposée.

Newton admettait aussi des effets d’attraction en Chimie. Il a dit des acides qu’ils étaient des corps qui attiraient fortement et qui étaient attirés de même. On lit encore dans ses écrits que « dans toute dissolution les particules du corps dissous ont plus d’attraction pour celles du menstrue qu’elles n’en ont mutuellement ». Vous voyez donc que, pour Newton, les phénomènes chimiques sont dus à des forces ; mais il s’arrête dès qu’il s’agit d’en préciser la nature ; il oppose même à la gravitation qui s’exerce entre les corps célestes et qui préside à leurs mouvements d’autres forces attractives et répulsives auxquelles il attribue le mouvement des particules des corps.

Newton s’était donc borné à reconnaître en Chimie l’attraction d’une manière générale ; Boërhaave de son côté prononçait le mot affinité ; c’était en quelque sorte la même idée présentée sous un terme plus poétique. On essaya plus tard ce que Newton n’avait pas osé. Prenant la gravitation universelle comme cause des phénomènes chimiques, Buffon admit que, si la grande distance des corps célestes rend les actions attractives indépendantes de la