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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

corps ; tel autre voulait en avoir davantage encore. C’est ainsi qu’en 1730 il en parut une de Grosse ; en 1750, une de Gellert ; en 1756, une de Rudiger. Enfin l’Académie de Rouen proposa un prix pour la meilleure Table d’affinités, et ce prix fut remporté en 1758 par Limbourg, qui envisagea la question sous un point de vue essentiellement pratique.

Une fois qu’on se fut mis dans ce goût d’affinités, on tomba dans un autre inconvénient très-grave : on s’égara dans la distinction d’une foule d’espèces d’affinités. On reconnaissait d’abord une affinité d’agrégation, qui n’était autre chose que la cohésion, et une affinité de composition, qui était l’affinité proprement dite. En rapprochant ainsi ces deux forces, on avait peut-être raison ; mais, de plus, on admettait des affinités de dissolution, des affinités de décomposition, des affinités de précipitation ; puis des affinités simples, des affinités doubles, des affinités composées, des affinités réciproques, des affinités par intermède, des affinités de prédisposition. Enfin c’était un dédale inextricable sur lequel je n’ai pas besoin d’insister.

Il y avait bien quelques raisons pour faire faire toutes ces subdivisions. C’est que les chimistes se trouvaient dans un grand embarras. Voulaient-ils expliquer tous les effets en les rattachant à une force unique, les faits n’étaient pas tous atteints.