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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

Considérées en elles-mêmes, rien de mieux que des séries linéaires exprimant l’ordre des affinités basé sur l’observation. Ce sont des manières de représenter les résultats de l’expérience qui peuvent avoir une utilité incontestable. Mais là ne s’arrêtaient pas les prétentions de l’auteur : il s’imaginait que les rapports exprimés par sa Table, et qui étaient vrais pour les circonstances dans lesquelles il avait opéré, représentaient des faits absolus. Il se croyait donc en droit de prédire en toute occasion l’action réciproque des corps compris dans sa Table ; chose impossible, puisque cette action varie avec des circonstances physiques, dont il n’avait tenu aucun compte. Ainsi il confond les faits observés à sec avec ceux qui s’opèrent sous l’influence de l’eau ; cependant les résultats peuvent être inverses.

Supposons, par exemple, qu’il ait admis, sur la foi de sa Table, que le carbonate d’ammoniaque et le sulfate de chaux doivent se décomposer mutuellement. Cela sera vrai, si l’on prend les deux sels en dissolution pour les faire réagir l’un sur l’autre ; mais prenez-les à l’état solide, mettez-les dans une cornue, et essayez si la chaleur déterminera entre eux une réaction. Comme vous le savez parfaitement, il ne s’en produira aucune : le carbonate d’ammoniaque se volatilisera et le sulfate de chaux restera intact. Si même, au contraire, vous faisiez chauffer