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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

chers auditeurs, recueillez avec soin mes paroles. Ce que j’avance est bien digne de votre attention, et mérite de rester dans votre souvenir. Un menstrue agit en désagrégeant les corps solides ; mais encore une fois, quand leurs particules sont séparées, disjointes, il les maintient en dissolution. Or comment cela se ferait-il, si le menstrue et le corps à dissoudre ne se trouvaient combinés après la réaction par une affinitié propre qui les réunit en un corps homogène ? »

Vous remarquerez que dans son livre Boërhaave s’adresse à ses auditeurs. C’est que son ouvrage, intitulé Elementa Chemiœ, publié en 1733, n’est en effet autre chose que le cours qu’il faisait à Leyde. Il est vraiment curieux d’en lire la préface, dans les conjonctures présentes. Il s’y annonce comme s’occupant de longs et pénibles travaux. On sait, en effet, avec quels soins il travaillait, et de quelle persévérance il était susceptible. C’est ce qu’il a prouvé, par exemple, dans ses expériences sur le mercure, pour lesquelles il n’a pas craint de faire marcher le même appareil pendant plusieurs années sans interruption, plutôt pour être en état de confondre pleinement les alchimistes que pour assurer sa propre conviction. Qu’il se livrât alors à de laborieuses recherches, on n’en doute pas ; il ajoute que son projet était d’en gratifier un jour le monde savant,