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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

Laissons à la nomenclature écrite sa précision et ses indications rigoureuses ; mais songeons qu’à la nomenclature parlée il faut de l’élégance, il faut un peu de ce laisser-aller sans lequel les noms deviennent d’une longueur ridicule et fatigante.

En finissant, je ne puis m’empêcher de témoigner le regret que j’éprouve en voyant entrer dans la science des noms tels que mercaptan, ou mercaptum, qui ne reposent que sur de mauvais jeux de mots : car mercaptan veut dire corpus mercurium captans, corps qui prend le mercure ; et mercaptum, corpus mercurio aptum, c’est-à-dire corps uni au mercure. J’aimerais mieux en vérité la méthode d’Adanson, qui tirait au sort les lettres qui devaient former le nom dont il avait besoin. Tenez, j’en dirai encore autant d’un nom qui a été proposé récemment dans un des plus beaux Mémoires que la Chimie possède. L’importance du travail dont le corps ainsi nommé a été l’objet rend mon observation plus nécessaire : c’est le mot aldéhyde, qui signifie alcool dehydrogenatum, alcool déshydrogéné. Ainsi, dans l’alcool, on prend, sans s’embarrasser de l’étymologie, la particule al, qui, dans la langue arabe où est pris le mot alcool, indique la perfection d’une chose quelconque, particule qui, par conséquent, ne précise rien, qui est commune à tous les noms arabes pris à leur plus haut degré, et qui appartient aussi bien