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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

deux nouveaux plans de nomenclature, plus ou moins vicieux, plus ou moins niais. Les personnes qui se sont occupées d’Histoire naturelle ne s’en étonneront pas. Vous savez, par exemple, combien est belle, combien est utile la nomenclature linnéenne en Botanique, précisément parce qu’elle n’exprime rien, ou si peu, que l’envie de la modifier doit venir difficilement à un homme raisonnable, même quand la Science a subi quelques changements. Cependant, il y a des gens qui ne se rendent pas à ces raisons, et qui veulent renchérir sur Linné, au risque de former les dénominations les plus cruelles à prononcer.

Croirait-on, par exemple, qu’il se soit trouvé un botaniste, Bergeret, qui, s’efforçant d’exprimer tous les caractères des plantes dans leur nom, n’a pas eu l’oreille blessée des mots barbares qu’enfantait son système ? Et pourtant au nom ordinaire de la mélisse, simple et commode à prononcer, il substitue celui de sœfnéanizara ; la lavande devient sœfniaceara ; l’ortie rouge, niqstyafoajiaz ; le serpolet, giqgyafoasiaz ; et la menthe, oiqgyafoajoaz !!

Vous admirez la mélodie de ces noms et la facilité de leur prononciation : eh bien, ce qui vous semble si sauvage pour la science des fleurs, M. Griffins vient de le renouveler pour la Chimie. Ses noms expriment le nombre des atomes et non pas l’ordre de leur combinaison. Nous savons déjà ce qu’on y