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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

une série aura besoin d’être vérifiée pour les autres et qu’il ne faudra pas se presser de généraliser.

Je me dois à moi-même, je dois à mes jeunes camarades ou élèves de leur dire ici ma pensée sans détour. C’est avec regret que je vois de jeunes chimistes, si capables de faire un usage précieux de tous leurs moments, en consacrer même une petite partie à combiner vaguement des formules d’une manière plus ou moins probable, plus ou moins possible[1].

La nomenclature de Lavoisier n’exprime que la nature et l’état des corps : elle n’avait pas d’autre objet. Après que les équivalents chimiques furent bien établis, M. Berzelius songea à créer une nomenclature symbolique, dans laquelle on pût indi-

  1. Dans le nombreux auditoire qui n’a cessé de se presser à ces savantes leçons, il n’est personne qui n’ait compris la pensée du professeur. Pensée de bienveillance, d’amitié, qui s’est librement échappée d’un cœur qui se croit suffisamment protégé par ses antécédents.

    Et pourtant cette phrase a suscité des reproches de M. Laurent envers M. Dumas ; comme si, en ouvrant son laboratoire à tout jeune chimiste, au malheureux Boullay, à M. Peligot, à M. Pelouze, à M. Laurent et à tant d’autres, si en les initiant aux secrets de son expérience, si en les réchauffant du feu qui l’anime, M. Dumas avait du renoncer au droit de leur donner un conseil.

    Ah ! qu’il me soit permis d’ajouter que, loin de se laisser décourager, j’espère que M. Dumas conservera toujours envers la jeunesse cette inaltérable bienveillance qui l’a déjà placé si haut dans la vénération publique et qui lui a déjà permis de susciter au milieu de nous cette brillante école de jeunes chimistes qui fait l’espoir de la Science et celui du pays.