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CONSTITUTION DES COMPOSÉS.

sentiment avec la plus grande réserve, lorsqu’il n’est plus permis de s’y refuser, ou du moins en présence des analogies les plus pressantes. Plus cette théorie nécessite d’êtres imaginaires, plus on doit se montrer difficile. C’est, voyez-vous, et peut-être faites-vous la comparaison vous-mêmes, c’est retomber dans l’inconvénient du phlogistique ; et ici, ce ne serait pas seulement un phlogistique, ce serait une nuée de phlogistiques. Il y aurait presque autant de corps supposés que de corps connus : de là une confusion, un embarras pour la science auquel on ne saurait se résigner qu’en obéissant à une véritable, à une impérieuse nécessité.

Il y a une autre raison qui augmente encore l’invraisemblance de ces hypothèses. Dernièrement on a vu que l’acide phosphorique, dissous dans l’eau, pouvait s’offrir à trois états différents, sous chacun desquels il était doué de propriétés particulières. C’est qu’en effet il forme trois hydrates :

Ph2O5, 3 H2O, Ph2O5, 2 H2O, Ph2O5, H2O.

Le premier de ces hydrates a reçu le nom d’acide phosphorique ordinaire ; le second, d’acide pyrophosphorique ; le troisième, d’acide métaphosphorique. Peu importent ces noms : laissons-les de côté. Ces trois sortes d’acide phosphorique donnent lieu à des sels différents, dans lesquels l’eau qui se trou-