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CONSTITUTION DES COMPOSÉS.

Pour rendre l’exposé de ce que j’ai à vous dire plus rapide et plus facile à saisir, je vous demanderai la permission d’employer les signes chimiques dont on fait usage aujourd’hui. Nous allons nous servir de formules bien postérieures à l’époque où Lavoisier et Davy proposèrent leurs doctrines ; mais elles nous fourniront un moyen de traduire leurs pensées en quelques mots et de faciliter beaucoup leur examen.

Nous admettons, avec Lavoisier, que l’acide sulfurique est SO3, que l’acide sulfurique ordinaire concentré est ce même acide hydrate SO3H2O, et que la substance que nous appelons sulfate de plomb est un composé de l’acide SO3 avec l’oxyde de plomb PbO. D’après Davy, rien de tout cela n’est vrai, et il vous dirait : Vous croyez que SO3 est un acide, eh bien, pas du tout, ce n’est point un acide : je vous défie de me montrer dans ce composé les caractères d’un acide, Et ce qu’il y a de bien étrange, c’est que, si l’on a accepté le défi, on demeure impuissant : on ne peut pas prouver que notre acide sulfurique anhydre soit vraiment un acide. Oui, je le répète (car je crois voir parmi vous des signes d’incrédulité ; car beaucoup d’entre vous, Messieurs, semblent se révolter intérieurement contre ce que je viens d’avancer), on ne peut pas prouver que SO3 soit un acide. C’est, suivant Davy, l’acide or-