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RAYMOND LULLE.

Pour faire, dit-il, l’élixir des sages, la pierre philosophale (et, par ce mot pierre, les alchimistes n’entendaient pas toujours désigner littéralement une pierre, mais un composé quelconque ayant la propriété de multiplier l’or, et auquel ils attribuaient presque toujours une couleur rouge), pour faire l’élixir des sages, il faut prendre, mon fils, le mercure des philosophes, et le calciner jusqu’à ce qu’il soit transformé en lion vert ; et après qu’il aura subi cette transformation, tu le calcineras davantage, et il se changera en lion rouge. Fais digérer au bain de sable ce lion rouge avec l’esprit aigre des raisins, évapore ce produit, et le mercure se prendra en une espèce de gomme qui se coupe au couteau ; mets cette matière gommeuse dans une cucurbite lutée et dirige sa distillation avec lenteur. Récolte séparément les liqueurs qui te paraîtront de diverse nature. Tu obtiendras un flegme insipide, puis de l’esprit et des gouttes rouges. Les ombres cymmériennes couvriront la cucurbite de leur voile sombre, et tu trouveras dans son intérieur un véritable dragon, car il mange sa queue. Prends ce dragon noir, broie-le sur une pierre, et touche-le avec un charbon rouge : il s’enflammera et, prenant bientôt une couleur citrine glorieuse, il reproduira le lion vert. Fais qu’il avale sa queue, et distille de nouveau le produit. Enfin, mon fils, rectifie soigneu-