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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

Quoi qu’il en soit, c’est un fait curieux que Guyton de Morveau ait été assez bien inspiré pour faire figurer l’alcool parmi les bases, comme s’il eût été bien établi à cette époque que l’alcool n’était autre chose que la base des éthers. Il avait donc placé l’alcool au même rang que le platine, la potasse et le phlogistique.

Enfin vous voyez, d’après ce que je viens de dire, que Guyton de Morveau ignorait complètement le parti qu’on peut tirer des désinences, véritable base de la nomenclature actuelle, et que d’ailleurs il était si peu au courant de l’état de la science dont il voulait réformer la langue qu’il ne savait pas sous quelle forme les métaux entraient en combinaison avec les acides, et qu’il croyait encore au phlogistique ; par conséquent, il n’avait pas cherché à bien connaître les travaux de Lavoisier, ou n’avait pas su les apprécier.

Toutefois une idée heureuse caractérisant le Mémoire de Guyton ; c’était lui qui le premier disait : Groupez sous le nom de l’acide tous les sels qui renferment le même acide, et à ce nom générique ajoutez celui de la base pour distinguer l’espèce. Il ne faisait là que généraliser l’usage déjà consacré pour les vitriols et les nitres : mais c’était rendre un grand service ; car, en partant de ce principe, on pouvait former au moins cinq cents noms appliqués