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NOMENCLATURE.

commença, en publiant un petit Ouvrage sur la nomenclature et en présentant à l’Académie des Sciences un Mémoire à ce sujet. La confusion dans les termes était alors extrême. Le même corps avait souvent un grand nombre de noms, et la plupart des noms en usage reposaient sur les analogies les plus éloignées. Ainsi l’on disait : huile de vitriol, beurre d’antimoine, foie de soufre, crème de tartre, sucre de Saturne ; les chimistes semblaient avoir emprunté le langage des cuisinières.

Toutefois, à côté de ces noms si discordants, vous serez étonnés d’en rencontrer d’autres, dans lesquels se manifeste cette tendance générale de l’esprit humain à réunir les choses qui se ressemblent à mesure que la notion de ressemblance apparaît évidente. Le nom de vitriol appliqué d’abord uniquement au sulfate de fer avait été étendu à divers autres sulfates, et l’on distinguait le vitriol de fer ou vitriol vert, le vitriol de zinc ou vitriol blanc, le vitriol de cuivre ou vitriol bleu, la potasse vitriolée que l’on appelait encore tartre vitriolé. Le mot de beurre avait été donné de même aux chlorures qui se rapprochaient par leurs caractères extérieurs du chlorure d’antimoine : on avait des beurres de zinc, d’étain, d’arsenic, de bismuth. L’argent corné ou lune cornée, désignation sous laquelle on connaissait le chlorure d’argent, avait pareillement