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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

potasse et d’acide chromique, et dans le chromate neutre une combinaison de la potasse avec le sel précédent ? Voila trois systèmes d’idées bien distinctes entre lesquels le choix peut être balancé.

Si l’on veut chercher à se rendre compte des opinions que les chimistes ont eues sur ces matières, il faut se transporter d’abord à l’époque de l’établissement des règles de la nomenclature : car la nomenclature a pour objet d’exprimer la manière dont on conçoit la composition des corps et la réunion de leurs principes constituants. C’est alors que les idées sur la nature des combinaisons se sont fixées, et il serait inutile de remonter plus haut.

Ce fut en 1782 que Guyton de Morveau éveilla pour la première fois l’attention des chimistes sur la nécessité de donner aux composés des dénominations moins arbitraires et propres à en indiquer la nature. À cette époque, la théorie de Lavoisier avait déjà détrôné celle de Stahl : la nouvelle Chimie répandait déjà sa brillante lumière sur les phénomènes les plus délicats de la nature ; elle jetait un si vif éclat qu’elle commençait à entraîner en sa faveur les esprits les plus mal disposés contre elle, mais elle n’avait pas encore passé dans la langue. Il restait donc à faire encore en Chimie une importante réforme, et c’est Guyton de Morveau qui la