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POLYMÉRIE.

tels que ceux dont nous venons de nous occuper, ne doit-on pas admettre à plus forte raison que les molécules composées sont les seules qui varient dans leur groupement, et que les molécules composantes n’en sont nullement affectées ? Il faut donc dire que ce qui crée le polymorphisme, ce sont des variations dans l’arrangement des molécules intégrantes d’un corps, variations qui affectent ses qualités physiques d’une manière passagère ou, durable, et qui produisent ainsi des modifications capables, tantôt de passer spontanément de l’une à l’autre, et tantôt de se conserver indéfiniment.

Mais, si les variations, au lieu de se passer entre les molécules composées, se produisaient entre les molécules constituantes elles-mêmes, n’en résulterait-il pas des corps qui différeraient non-seulement par les caractères physiques, mais encore par les caractères chimiques ? C’est encore ce que l’observation démontre, et nous en trouverons des exemples très-variés et plus remarquables encore que les faits que nous venons de signaler.

Ainsi nous connaissons maintenant trois gaz, trois ou quatre liquides et autant de solides qui renferment exactement le carbone et l’hydrogène dans le rapport de 1 atome à 1 atome, c’est-à-dire, en poids, de 86 parties de carbone à 14 d’hydrogène à peu près. Entre eux l’analyse ne montre aucune diffé-