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POLYMORPHISME.

le sel marin liquide passe subitement à l’état solide ; pourquoi le verre et l’acide borique prennent, avant de se solidifier, tous les degrés de viscosité ; et pourquoi, tout au contraire, le soufre, qui se solidifie subitement, devient visqueux par la chaleur. On ne saurait douter que tous ces faits ne soient des cas particuliers d’une loi plus générale.

En rassemblant tous les faits que je vous ai cités, vous voyez qu’on arrive à conclure que dans les gaz l’influence de la forme des molécules paraît nulle ou presque nulle, qu’elle semble au contraire très-considérable dans les solides, et qu’elle se fait également sentir dans les liquides, ce qui surprendra peu, si l’on admet que la distance des molécules y est pour quelque chose : car on sait bien que dans les gaz les molécules sont très-écartées ; que dans les solides elles sont très-rapprochées, et qu’elles le sont à peu près autant dans les liquides, puisqu’il y a presque autant de liquides qui se dilatent en se solidifiant qu’il y en a qui se contractent.

Cependant, il faut que je vous en fasse l’aveu, malgré l’espèce de consensus omnium qui fait considérer les gaz comme étant formés de particules entre lesquelles toute influence due à la forme serait inappréciable, je ne puis partager cette opinion.