Page:Dumas - Leçons sur la philosophie chimique, 1878.djvu/329

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
325
DIMORPHISME.

élevez graduellement la température du spath, il ne présentera d’autre phénomène que celui de sa décomposition, qui arrive lorsque la chaleur est suffisante ; de sorte que, tant qu’il conserve sa nature chimique, il n’éprouve aucune modification dans ses propriétés extérieures. Mais chauffez l’aragonite peu à peu, et vous la verrez, à un degré de chaleur inférieur à celui où elle se décompose, se désagréger et se déliter en émettant une lueur phosphorique. Ne peut-on pas supposer que la substance change alors de forme cristalline, et se transforme dans la variété rhomboédrique ? C’est ce qui me semble tout à fait admissible.

On pourrait croire que les corps composés sont seuls susceptibles d’éprouver de tels changements. Ce serait une erreur, que l’examen du soufre suffit pour faire reconnaître.

La nature nous offre du soufre cristallisé dans beaucoup de localités. Quelques-uns de ces cristaux sont très-nets et très-beaux : ce sont des octaèdres. On l’obtient artificiellement au même état avec la plus grande facilité ; car, en abandonnant à l’évaporation spontanée ses dissolutions et particulièrement sa dissolution dans le sulfure de carbone, il se dépose sous forme de cristaux semblables à ceux de la nature. Cependant, si on le fait fondre et si on le laisse cristalliser par refroidissement, il