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VOLUMES.

d’un atome d’hydrogène, soudez-les et vous ferez un atome d’acide chlorhydrique.

» Si c’est là votre recette, ajoute le chimiste anglais, permettez que je vous réponde par un petit apologue.

» Je trouve dans Lewis l’histoire d’un Démon qui enlève une jeune dame, et qui, pour gagner ses bonnes grâces, s’engage à exécuter ses trois premiers ordres : « Montrez-moi, lui dit-elle, le plus sincère de tous les amants. » Cela fut fait à l’instant. « Bien, monsieur, continue-t-elle, mais montrez-m’en un plus sincère maintenant ? » Le démon fut déconcerté.

» Mais que serait-il arrivé si la dame eût été entre les mains de celui qui peut nous montrer un atome, puis le couper en deux ? Celui-la n’aurait éprouvé aucun embarras, sans doute, à faire paraître l’amant le plus sincère, puis un plus sincère encore. »

M. Griffins n’a pas compris que j’avais pris soin de distinguer des atomes relatifs aux forces physiques et des atomes relatifs aux forces chimiques ; c’est-à-dire, des masses insécables pour les premières, et d’autres masses sécables pour les secondes. Il est donc possible de couper avec les unes ce qui résiste aux autres. Dans le cas du chlore et de l’hydrogène, la Chimie coupait les atomes que la Physique ne pouvait pas couper. Voilà tout.