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ATOMES.

que des atomes, mais des atomes donnés, il faut en convenir, de propriétés très-extraordinaires. Son système fut discuté en Prusse avec une grande vivacité, et y occupa tellement les esprits que l’Académie de Berlin jugea convenable de proposer, en 1746, un prix pour la meilleure dissertation sur les monades. L’issue du concours académique fut fâcheuse pour elles et pour Wolf : on couronna un de ses adversaires.

Les monades vous offrent le plus bel exemple de l’abus du système atomique. Il n’est pas d’absurdité où l’on ne puisse arriver avec des atomes à qui l’on prête des propriétés de fantaisie. Rien de plus dangereux qu’une notion aussi vague, quand, dégagée de tout point d’appui expérimental, elle s’empare d’une imagination active et déréglée et surtout quand on ne recule pas devant son application à l’étude des phénomènes psychologiques.

Adressez-vous à Wolf, et demandez-lui ce que sont ces monades ; il vous répondra que ces monades sont des espèces d’atomes, mais des atomes d’une telle nature qu’il va les mettre à l’abri de l’argument déduit de la divisibilité infinie de la matière. En effet, ce ne sont pas des atomes doués d’étendue, ce ne sont pas non plus des points sans étendue. Qu’est-ce donc, direz-vous ? Ce sont, répondit-il sérieusement, des substances quasi éten-