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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

touchent même pas. Maintenus à distance par des forces qui les dominent, ils laissent entre eux beaucoup de vide, et leur assemblage ne présente que peu de plein. Ainsi, Gassendi, perfectionnant l’image que l’on se faisait des atomes et de leurs rapports mutuels, l’a rapprochée de celle que nous nous en faisons aujourd’hui, en admettant des forces qui tiennent les atomes en équilibre et des espaces qui les séparent et qui sont beaucoup plus étendus que les atomes eux-mêmes.

Si jusque-là Gassendi demeure dans le vrai, ou du moins ne s’écarte pas des idées les plus vraisemblables, bientôt il s’éloigne des hypothèses raisonnables et tombe dans ces écarts qui ont si souvent et non sans raison exposé les partisans des atomes aux dédains des esprits exacts et positifs. Il forme, en effet, la lumière d’atomes ronds : ce sont des atomes particuliers qui font le froid, le chaud, les odeurs, les saveurs ; le son lui-même est formé d’atomes. Toutes ces erreurs, reconnues ou condamnées par les physiciens qui lui succédèrent, entraîneront dans un commun naufrage ce qui pouvait être utile et vrai dans le fond de ses idées.

Les atomes, il y a moins de cent ans, revinrent sur l’eau sous une forme qui fit grand bruit en Allemagne. Je veux parler de Wolf et de sa théorie des monades. Les monades de Wolf ne sont autre chose