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ATOMES.

Ces atomes se présentent les uns aux autres d’une manière assez heureuse pour s’accrocher ; leur forme s’y prête, car leur figure joue ici le plus grand rôle. Les divers corps de la nature prennent naissance ; les petites masses engendrent des masses plus grandes par leur réunion, et tout l’univers se trouve formé, la Terre ainsi que tous les astres, les corps bruts aussi bien que les êtres organisés. De cette manière, toute création s’est faite par cas fortuit.

Les idées atomiques en restèrent à peu près à ce point jusqu’à une époque beaucoup plus voisine de la nôtre. Elles étaient pour ainsi dire oubliées, lorsque s’éleva entre Descartes et Gassendi, il y a maintenant deux siècles, une discussion remarquable qui ramena les esprits à ces questions. C’était au temps où Galilée combattait la Physique scolastique par ses découvertes et la foudroyait avec de nouvelles et admirables expériences. Descartes voulait refaire le roman de la nature more antiquo. Regardant l’étendue connue divisible à l’infini, appliquant à la matière le même principe, il rejetait l’existence des atomes et bâtissait son système sans les admettre. Gassendi, tout au contraire, l’adversaire le plus constant de Descartes et son digne adversaire, Gassendi compose l’univers d’atomes. Mais ceux-ci ne s’accrochent pas comme dans l’imagination d’Épicure et de Lucrèce : ils ne se