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ATOMES.

prient ne peut se transporter, se mouvoir, qu’autant qu’on admet des espaces vides entre leurs propres particules.

En un mot, le mouvement, dont l’existence ne peut être contestée, à moins de se laisser aveugler par des sophismes, lui fournissait des arguments sans réplique.

Quoi qu’il en soit, Leucippe regardait la matière comme une éponge dont les grains isolés nagent dans le vide. Ces grains sont solides, pleins, impénétrables, infiniment petits. Tous les corps que nous connaissons sont ainsi formés de vide et de plein. Avec l’élément matériel, ou l’élément du plein, avec le néant, l’espace ou le vide, et avec le mouvement, Leucippe constitue le monde. Les grains qui le composent diffèrent de figure, ce qui entraîne et explique la dissemblance des diverses sortes de matière que nous observons. D’ailleurs, il admet qu’en variant seulement d’ordre et de disposition ces éléments matériels peuvent produire des corps tout différents. C’est en quelque sorte une prévision de l’isomérie des chimistes modernes, qui s’est offerte à Leucippe ; pour développer sa pensée, il se sert d’une comparaison fort nette. Il assimile les éléments identiques en nombre et en nature, mais diversement groupés et produisant ainsi des matières différentes, à des lettres qui, en variant leur assem-