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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

l’insécabilité des particules matérielles entre lesquelles se passent les actions chimiques ? À cette question je répondrai ici sans hésiter : Non, cela n’est pas nécessaire ; non, parmi tous les faits de la Chimie, il n’en est aucun qui oblige à supposer que la matière soit formée de particules insécables, il n’en est aucun qui donne quelque certitude ou même seulement quelque probabilité touchant l’insécabilité de ces particules.

Supposez que les actions chimiques ne puissent s’exercer qu’entre des masses d’un certain ordre, divisibles, si l’on veut, par des forces d’une autre nature, peu importe : tous les phénomènes de la Chimie s’expliquent avec une facilité non moins grande que si l’on admettait l’indivisibilité comme propriété essentielle de ces masses. En effet, qu’elles soient, si l’on veut, susceptibles d’être découpées à l’infini, par des forces prises au dehors de la Chimie, qu’importe pour l’explication des faits dépendant de cette science ? Ne conçoit-on pas également bien la juxtaposition de ces particules, leur séparation, leurs remplacements mutuels ? Toutes les conceptions des chimistes ne subsistent-elles pas dans leur intégrité indépendamment de cette divisibilité ultérieure ?

Ainsi donc, pas d’incertitude possible : la Chimie seule n’a pas la vertu de nous éclairer sur l’exis-