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ALBERT LE GRAND.

jamais manié de poudre, si l’on ne savait quelles exagérations a toujours fait naître la découverte des substances explosives ou vénéneuses.

À peu près à la même époque, on voit apparaître un autre personnage, rival du précédent par sa science variée et profonde, et qui a laissé comme lui une réputation universelle de magicien. C’est Albert de Bollstadt, dont la célébrité s’est résumée dans le nom d’Albert le Grand, qui a certainement beaucoup contribué à établir et à populariser cette renommée de sorcellerie qu’on lui a faite, et qui s’est transmise jusqu’à nos jours.

Albert le Grand était encore un moine ; c’était un dominicain, qui a même occupé l’épiscopat de Cologne. Il naquit en Souabe, en 1205. Comme beaucoup de savants de ces temps éloignés, c’était un homme universel, dont les études avaient embrassé toutes les sciences, et il avait à la fois des connaissances très-étendues et très-approfondies ; ce qui faisait dire de lui qu’il était : Magnus in magiâ, major in philosophiâ, maximus in theologiâ. En effet, les ouvrages qu’il a écrits sur ces matières, et qui d’ailleurs sont fort nombreux, montrent qu’il possédait des connaissances précises de diverse nature, et en particulier sur les propriétés chimiques des pierres, des métaux et des sels, pour nous borner à ce qui nous concerne, connaissances qu’on