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PROUST.

singulier. Son style rappelle le ton de la conversation. Ses écrits sont pleins de faits et d’idées, mais leur allure est brusque et saccadée ; sa phrase est mordante, sa pensée souvent caustique et tranchante. Il se complaisait dans la critique, et il suffit de rappeler une série d’articles qu’il a publiés sur l’Ouvrage de Fourcroy, pour montrer qu’il saisissait toutes les occasions de l’exercer. À peine l’Ouvrage de M. Thenard venait-il de paraître qu’il essaya d’en faire également une critique raisonnée ; mais il fit bientôt voir que les rapports reconnus dans les composés par la Chimie moderne lui étaient demeurés étrangers, et qu’il s’était arrêté en route, après avoir ouvert la carrière à des chimistes plus habiles, en leur démontrant la permanence des combinaisons.

Si Proust était un peu querelleur, il avait du moins un cœur franc et droit ; il était doué d’une sincérité parfaite. Il avait hérité de Rouelle d’une profonde horreur pour les plagiaires ; il la manifestait souvent, et son respect pour les droits des premiers inventeurs était poussé si loin, que peu d’hommes seraient capables d’un désintéressement aussi rare que celui dont il a fait preuve dans son travail sur le protochlorure de cuivre.

Pelletier avait découvert le protochlorure d’étain et décrit toutes ses propriétés. Quelque temps après, Proust, qui s’était occupé du même sujet, publia un