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ROGER BACON.

est émise : car Roger Bacon ne dit pas qu’il ait fait de l’or ou qu’il ait obtenu la panacée ; mais, victime de sa crédulité, il paraît convaincu, d’après les merveilles que la Chimie lui a offertes, que d’autres ont pu atteindre cette haute perfection ; mettez de côté cette idée, et vous sentirez que, s’il n’avait vraiment travaillé la Chimie de son temps, il n’eut pas insisté à son sujet sur la nécessité de l’expérimentation, comme il le fait dans son ouvrage. N’est-il pas curieux, d’ailleurs, que dans un homme si disposé accueillir les faits à la légère, on trouve cependant déjà ce qui, dans tous les temps, a caractérisé la marche véritable de la Chimie, cette foi complète dans l’expérience, qui, depuis Roger Bacon jusqu’à nos jours, n’a jamais abandonné les vrais chimistes ?

Que Roger Bacon, avec les connaissances de Physique, de Mécanique, d’Histoire naturelle et de Chimie, qu’il possédait et dont il s’exagérait tant le pouvoir, ait laissé la réputation dont il jouit aujourd’hui : cela ne doit pas nous étonner. Comment voulez-vous qu’un homme qui, le premier, a donné la préparation de la poudre à canon, ou qui, le premier, du moins, a fait connaître sa terrible puissance, comment voulez-vous que cet homme n’ait pas été un magicien ? Toutefois, si vous consultez ses ouvrages, vous n’y trouverez aucune de ces his-