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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

était dépourvu ! Que de ressources sont maintenant entre nos mains et dont il ignorait l’existence ! Comparé aux chimistes de son temps, on voit que non-seulement il leur a donné l’exemple d’une précision inconnue, mais qu’il n’a été égalé par aucun d’eux ; ceux-là mêmes qui vinrent s’occuper ensuite de recherches semblables, bien loin d’atteindre son exactitude, en sont restés à une grande distance.

Wenzel nous offre un exemple frappant du grand avantage que donnent les théories préconçues, quand elles sont justes et qu’elles sont appliquées par un esprit vraiment dévoué au culte de la vérité. En effet, aussitôt qu’il eut conçu la loi qu’il a cherché à prouver par ses analyses multipliées, il s’en servit comme guide et comme moyen de vérification pour toutes ses opérations. Il fut obligé de perfectionner les méthodes analytiques qu’il avait employées d’abord : il apprit à distinguer les bons procédés, à écarter les mauvais ; car, pour lui, chaque analyse n’était plus un fait isolé, et, pour vérifier ses opinions sur la double décomposition de deux sels, il fallait exécuter une analyse vraiment parfaite des quatre sels que leurs bases et leurs acides peuvent former. Le moindre écart de l’expérience était tout de suite indiqué par la théorie, et l’observateur averti remontait facilement à la cause d’erreur qui avait d’abord échappé à son attention.