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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

détail sur les corps organisés ; c’est à dessein que j’ai évité de m’en occuper dans cet ouvrage, et c’est ce qui m’a empêché de parler des phénomènes de la respiration, de la sanctification et de la chaleur animale.

» Je reviendrai un jour sur ces objets. »

Ces lignes s’imprimaient en 1793 ; une année après il n’était plus !

Maintenant, Messieurs, vous connaissez la vie de Lavoisier tout entière, car nous avons cédé, vous et moi, à une impulsion irrésistible. Votre émotion m’a maîtrisé ; tous les sentiments qui remplissaient mon cœur se sont fait jour, et l’on m’accusera peut-être d’avoir tenté l’éloge de Lavoisier ! Hélas, Messieurs, cette témérité était loin de ma pensée, et cependant je ne voudrais rappeler aucune des paroles échappées de mes lèvres. Vous me comprendrez, car il ne me reste plus qu’une réflexion a ajouter, et cette réflexion est triste, elle est pénible à faire. Après une vie si honorable, après une mort si cruelle, qu’avons-nous fait pour Lavoisier ? Qu’a fait la France pour Lavoisier ? Où trouver un monument qui rappelle sa mémoire, un simple buste qui lui soit consacré ? La France, hélas ! semble l’avoir oublié. Nous ne possédons qu’un portrait de Lavoisier : c’est tout ce qui nous reste de lui, un portrait de famille peint par David.