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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

certain que son ouvrage démontre qu’il entendait parfaitement la nature de ce phénomène. Ses raisonnements deviennent surtout remarquables, quand on compare son explication avec celles qui étaient présentées par ses contemporains et dont l’absurdité nous révolte aujourd’hui.

Ainsi, consultez l’un des beaux esprits du temps, Scaliger, il trouvera cette augmentation toute simple ; il vous dira qu’elle tient à la perte des parties aériennes du métal, que les métaux augmentent de poids par la calcination de la même manière que les tuiles par la cuisson, confondant ainsi, par une lourde bévue, le poids absolu et la densité.

Consultez Cardan, il vous dira que le plomb calciné devient plus lourd, parce qu’il perd sa vie métallique, que l’oxyde n’est plus qu’un cadavre, et il ne manquera pas d’ajouter qu’un cadavre pèse toujours plus que l’animal en vie. Ces détails vous expliquent pourquoi l’excellent ouvrage de Jean Rey n’a pas été compris et comment on a droit de dire qu’il ne pouvait pas l’être des hommes de son temps.

Mais Jean Rey était inconnu à Lavoisier. Comment voulez-vous qu’il en fût autrement ? Il n’existait de cet ouvrage que deux exemplaires, dont un seul était complet et fut retrouvé dans une bibliothèque publique, la grande bibliothèque du roi. Cependant il