Page:Dumas - Leçons sur la philosophie chimique, 1878.djvu/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
185
LAVOISIER.

mesuré et logique dont la marche mérite d’être étudiée et méditée, car on est sûr d’y découvrir comment procède l’esprit d’invention appliqué aux plus nobles conceptions de notre intelligence.

Dans tous les cas, Lavoisier débute par une idée juste et profonde, mais par une idée incomplète, qui commence à poindre, qu’il présente avec hésitation et dont l’intérêt ne saurait frapper que les connaisseurs. Les premières conséquences en sont immédiatement soumises à l’épreuve de l’expérience ; il en découle d’autres vues qui mènent à de nouveaux essais que Lavoisier poursuit sans relâche, tant que son œil peut découvrir quelque circonstance obscure ou inexpliquée dans l’ensemble des faits qu’il veut approfondir.

C’est ainsi que son idée première, qui apparaît d’abord voilée et confuse, peu à peu s’illumine et s’élargit, sans cesser d’être elle-même. C’est ainsi que, tout en conservant son caractère originel, elle devient successivement remarquable, importante, sublime. C’est ainsi que, fécondée par le génie, elle sort de ses langes pour se convertir en une de ces conceptions éblouissantes de clarté qui honorent l’esprit humain et qui illustrent à jamais un siècle et un pays.

Chez lui l’expression suit la même progression. Simple et sans ornement dans ses premiers essais,