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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

Mais à cette époque Macquer, Baumé et bien d’autres chimistes s’étaient façonnés chacun un phlogistique à leur taille, pour répondre aux exigences nouvelles de la Science. Ce n’était donc plus au phlogistique de Stahl que Lavoisier avait affaire, mais bien à une foule d’êtres de ce nom, qui n’avaient aucune qualité commune, si ce n’est qu’ils étaient tous insaisissables, par aucun moyen connu.

Eh bien ! dans ce Mémoire qu’on lit encore avec un vif d’intérêt, Lavoisier trouve l’art d’exposer les théories de ses adversaires modernes avec une netteté et une précision telles, qu’on peut croire que leurs inventeurs en comprirent pour la première fois le véritable sens. Ce n’est qu’après les avoir ainsi épurées et rehaussées, comme pour les rendre dignes de sa colère, qu’il les discute et les renverse à jamais.

Chacune de ces définitions modernes du phlogistique, qu’on pourrait appeler la monnaie avilie de l’antique pièce d’or de Stahl, chacune de ces définitions est évoquée à son tour et vient tomber sous les coups de Lavoisier, qui s’écrie enfin :

« Toutes ces réflexions confirment ce que j’ai avancé, ce que j’avais pour objet de prouver, ce que je vais répéter encore, que les chimistes ont fait du phlogistique un principe vague, qui n’est point rigoureusement défini, et qui, en conséquence, s’a-