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LAVOISIER.

l’eau et de la limaille de fer, qui au bout d’un certain temps s’est convertie en oxyde noir de fer. L’eau s’est décomposée, et son hydrogène s’est dégagé ; c’est là le premier fait relatif à la décomposition de l’eau. Mais cette expérience est beaucoup trop lente, et comme, dès cette époque, on savait que la chaleur est un moyen d’augmenter l’activité des actions chimiques, il en conclut qu’en faisant passer la vapeur d’eau dans un tube de fer rougi la décomposition marcherait beaucoup plus vite. De là, l’expérience célèbre dans laquelle il exécuta, conjointement avec Meusnier, une analyse de l’eau qui levait tous les doutes que sa synthèse laissait encore à quelques esprits.

Des lors, Lavoisier put approfondir tous ces phénomènes compliqués dont il avait d’abord ébauché l’étude. Il put se rendre compte de ce qui se passe dans la respiration, dans la combustion, partout enfin où il y a formation d’eau. Une lumière soudaine vient éclairer tout ce qu’il a fait ; les anomalies qui l’ont arrêté autrefois ne l’arrêtent plus ; il en voit la cause, il en voit la nature. Il s’était perdu tant de gaz, il s’était fait tant d’eau, il avait eu tort de n’y point faire attention, de ne pas suivre ce fil qui l’eût dirigé. Mais ce qu’il faut admirer, c’est que toutes ses expériences anciennes qui semblaient inexactes et imparfaites deviennent par là tout à fait