Page:Dumas - Leçons sur la philosophie chimique, 1878.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
LAVOISIER.

posant successivement chacun des éléments de cette équation inconnu, j’en puis tirer une valeur et rectifier ainsi l’expérience par le calcul et le calcul par l’expérience. J’ai souvent profité de cette méthode pour corriger les premiers résultats de mes expériences et pour me guider dans les précautions à prendre pour les recommencer. »

Tel est le premier essai de ces équations atomiques que nous écrivons si souvent aujourd’hui ; seulement, par suite des progrès de la Chimie, nous avons introduit des atomes là où Lavoisier parlait d’un poids quelconque ; mais c’est toujours la même idée, le même point de vue.

La pensée première de Lavoisier reparaît donc toujours dominante et agissante : rien ne se perd, rien ne se crée ; la matière reste toujours la même ; il peut y avoir des transformations dans sa forme, mais il n’y a jamais d’altération dans son poids. J’emploie ces termes à dessein, ce sont ceux qu’il employait lui-même. Personne encore n’a présenté Lavoisier comme ayant introduit ce point de vue dans l’étude de la Chimie ; cependant je crois pouvoir vous assurer que c’était chose à laquelle il attachait une haute importance. Mais, s’il est clair que les idées de Lavoisier sur la permanence de la pesanteur des corps qui se combinent ou qui se séparent, s’il est clair, dis-je, que ces idées sont générales et