Page:Dumas - Leçons sur la philosophie chimique, 1878.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
163
LAVOISIER.

l’expérience consultée, Lavoisier obtient le gaz oxygène. Il convient, à la vérité, que cette découverte a été faite en même temps par Priestley. En général, on s’accorde même à attribuer la priorité sur ce point à ce dernier, et nous l’admettrons ici sans difficulté : la gloire de Lavoisier ne repose nullement sur des découvertes de ce genre ; elle en est tout à fait indépendante.

Comme Priestley, il voit que l’oxygène est un gaz propre à entretenir la combustion et à l’exciter, propre à entretenir la respiration ; mais il voit peu de temps après que c’est ce gaz qui engendre les acides. Il propose alors de l’appeler oxygine, générateur de l’aigreur, voulant ainsi rappeler le rôle qu’il lui attribue et qui est basé sur ses expériences relatives à la combustion du soufre et à celle du phosphore. Mais, après avoir adopté cette dénomination, voyant que les autres chimistes ne suivent pas son exemple, il l’abandonne lui-même, et pendant longtemps il se sert comme eux du terme d’air vital, sorte d’expression neutre, qui formait une transition nécessaire peut-être entre l’air déphlogistiqué de l’ancienne théorie et l’oxygine précurseur de la doctrine nouvelle. Mais, qu’on ne s’y trompe point, Lavoisier cédait sur le mot, sans céder sur le fond de ses idées ; il dédaignait les discussions inutiles ; il évitait les polémiques