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LAVOISIER.

Quand il expérimente, c’est avec cette rigueur dont les observations astronomiques pouvaient seules jusque-là donner une idée ; quand il raisonne, c’est avec cette logique serrée qu’il a puisée à l’école de Condillac. Comment être surpris, d’après cela, si, une fois que tous les faits qu’il a étudiés ont pris leur place dans sa théorie, ceux qu’on découvre à côté de lui, ceux qu’on a découverts après lui sont également venus s’y ranger ?

Tous les Mémoires de Lavoisier ont donc entre eux une filiation non interrompue ; pas le moindre défaut de continuité ne s’y laisse remarquer. L’histoire des Sciences n’offre peut-être pas d’autre exemple d’une lutte poursuivie avec tant de persévérance et avec une telle suite dans les idées. Vous éprouveriez même, par cela seul, un plaisir singulier à la lecture de ses Mémoires originaux, en y voyant comment une science se fait, se fonde à l’aide des expériences les plus simples, pourvu qu’elles soient accomplies avec précision et liées par un raisonnement sévère.

Lavoisier commence par établir que, si l’on chauffe de l’étain dans un vase fermé, une portion de l’air se fixe sur l’étain, qui passe par conséquent à l’état d’oxyde (permettez-moi d’emprunter ce mot à la nomenclature actuelle). Lorsqu’une certaine quantité d’étain est oxydée, on a beau calciner plus