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LAVOISIER.

lyse pas, il pèse. L’un et l’autre, ils font usage de la méthode qu’ils doivent préférer en toute occasion par la suite. Schéele s’assure en effet que l’eau ne se change point en terre, en déterminant la nature de cette terre qu’il reconnaît pour de la silice et en voyant que l’eau devenue alcaline s’est chargée des éléments solubles du verre. Lavoisier, de son côté, prononce le même arrêt ; mais il se fonde sur ce que le poids de l’eau est demeuré le même, et sur ce que la terre qui semblait se produire correspond en poids à la perte que le verre a subie.

La balance est donc dès le premier essai, entre les mains de Lavoisier, un réactif, permettez-moi cette expression, et un réactif fidèle dont il a fait depuis un usage constant.

Mais aussi n’est-ce point à la légère qu’il a choisi cet instrument. S’il l’adopte, c’est qu’il est guidé par une pensée nouvelle et profonde. Pour lui tous les phénomènes de la Chimie sont dus à des déplacements de matière, à l’union ou à la séparation des corps. Rien ne se pend, rien ne se crée, voilà sa devise, voilà sa pensée ; et, dès la première application qu’il en fait, il efface une grande erreur.

Pour lui, dans toute réaction chimique désormais, les produits formés doivent peser autant et pas plus que les produits employés. Si cette condition d’égalité ne se manifeste pas, c’est que la Chimie n’a pas