Page:Dumas - Leçons sur la philosophie chimique, 1878.djvu/144

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
140
PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

de son poids, tandis que l’eau a augmenté de densité, est devenue trouble et s’est évidemment chargée de quelque produit fixe. En effet, soumise à l’évaporation, elle laisse un résidu dont le poids s’élève à 20 grains.

Elle renfermait donc 20 grains de substances étrangères ; et, comme le vase n’en avait perdu que 17, un esprit moins hardi que celui de Lavoisier se serait arrêté peut-être à cette circonstance et aurait dit : Le vase a perdu quelque chose de son poids, et cette perte est représentée par une portion de l’augmentation de l’eau ; mais, pour expliquer le reste de cette augmentation, il faut nécessairement qu’une partie de l’eau se soit convertie en terre. Lavoisier, au contraire, passe outre : pour lui, cette augmentation de 3 grains ne prouve rien ; c’est quelque accident de l’expérience, et, dans la hardiesse de ce jugement, on le trouve tel qu’il sera toujours, saisissant le fond des choses par un instinct merveilleux, et jamais ne s’arrêtant à ces détails accidentels dans lesquels un esprit médiocre ne manque pas de s’égarer.

Par un singulier hasard, Schéele, vers le même temps peut-être, s’occupa de cette grave question de son côté. Il arrive à la même conséquence ; mais les moyens qu’il emploie sont bien différents. Schéele, au lieu de peser, analyse. Lavoisier n’ana-