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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

pare, tout au contraire, de longue main, comme à une chose sérieuse, entreprise avec réflexion, exécutée avec calme et persévérance dans un grand but. On voit qu’il ne veut jamais consulter la nature en vain, et qu’il prend ses dispositions, de manière que la vérité, quelle qu’elle puisse être, soit nécessairement mise au jour.

Il fait donc construire une balance d’une parfaite précision, instrument qui avant lui n’avait jamais été sérieusement employé dans les recherches chimiques. Il en étudie les allures, reconnaît la nécessité des doubles pesées et ne manque pas d’en adopter l’emploi.

Comme il avait besoin de faire bouillir pendant longtemps de l’eau dans un vase de verre, et qu’il devait vérifier son poids de temps à autre pour s’assurer qu’il ne laissait rien échapper, il pèse ce vase à des températures diverses, et s’assure que le vase, quoique bien fermé, perd un peu de son poids quand il est chaud. Il n’en voit pas la cause, qui tient, comme on le sait maintenant, à ce que le verre est hygrométrique, à ce qu’il attire l’humidité de l’air, et qu’il s’en revêt d’une couche mince qui disparaît à une température assez haute pour la mettre en vapeurs. Mais, si Lavoisier ne découvre pas la cause de ce fait, il n’en déduit pas moins la nécessité, trop souvent négligée depuis, de faire les pesées qu’on