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LAVOISIER.

il faut remonter pour retrouver les premiers linéaments du génie propre de ces deux hommes, cette même année, dis-je, se trouve marquée par l’apparition du premier Mémoire chimique de Lavoisier. C’est d’une recherche fort simple au fond qu’il est question dans ce Mémoire ; mais, quand on examine avec attention la méthode de l’auteur, on reconnaît avec surprise que le jeune Lavoisier, de même que ses deux illustres compétiteurs, possède déjà, et qu’il possède seul la méthode et l’instrument dont l’emploi constant doit caractériser plus tard toutes ses recherches.

Lavoisier se propose dans ce Mémoire de résoudre une question de la plus haute importance : il s’agit de savoir si l’eau possède ou non la propriété de se convertir en terre. On sent très-bien que, partageant les idées de son temps et regardant l’eau comme un corps simple, la conversion de l’eau en terre est pour lui un phénomène du plus haut intérêt et propre à jeter la plus vive lumière sur la nature d’un des éléments admis alors. Aussi, quand il entreprend cette expérience, voyons-nous Lavoisier procéder comme il doit procéder dans toutes les recherches délicates qu’il entreprendra par la suite. Ce n’est point une expérience qu’il tente au hasard, en passant, à laquelle il veut consacrer quelques heures de loisir : c’est une expérience à laquelle il se pré-