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PRIESTLEY.

il faut lire les Mémoires qu’il a laissés sur sa vie. Il n’y est pas fait mention d’une seule personne, sans que ses opinions religieuses y soient pesées et cotées avec une précision surprenante. Ce n’est pas leur couleur générale, c’est leur nuance la plus subtile qu’il détermine.

Il faut l’entendre raconter ses rapports avec un de ses amis qui ne partageait ses opinions ni en Chimie, ni en Théologie. Ils se voyaient souvent, discutaient volontiers Chimie et n’avaient jamais songé à se quereller par écrit à ce sujet. Mais par une convention tacite, tout au contraire, ils ne parlaient jamais religion, et leur bile s’évaporait sur ce point en livres ou brochures qu’ils publiaient l’un contre l’autre.

Non-seulement il était chatouilleux à l’excès sur ces matières, mais il avait changé plusieurs fois d’avis a leur égard ; et j’oserais à peine vous donner quelques détails à ce sujet, s’il ne s’agissait de l’un des hommes les plus éminents que la Chimie ait produits.

Vers l’âge de vingt ans, il était arien, c’est-à-dire qu’il croyait que Dieu avait produit le Christ comme une espèce de ministre responsable, chargé de créer le monde. Mais, quelques années après, il adopta les doctrines des sociniens et ne voyait plus dans Jésus-Christ qu’un homme, mais un homme, il est