Page:Dumas - Leçons sur la philosophie chimique, 1878.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
125
PRIESTLEY.

septentrionale, incertain s’il ne devra pas aller demander l’hospitalité aux Peaux rouges, il élève une dernière fois la voix en faveur du phlogistique ; il adresse aux chimistes français les plus illustres une humble supplique, pour les prier de vouloir bien répondre à ses objections contre la théorie de Lavoisier.

« Ne me traitez pas à la façon de Robespierre, leur dit-il en terminant. Supportez patiemment une petite Vendée chimique ! Répondez-moi, persuader-moi, et n’abusez pas de votre pouvoir. » Eh bien ! cette dernière consolation même lui fut refusée. L’envoyé du peuple français aux États-Unis, Adet, dont il reste quelques travaux en Chimie, Adet reçut sa brochure et se chargea de la réponse. Elle était suffisante, et les académiciens français n’eurent pas besoin d’intervenir.

Que s’était-il donc passé de 1776 à 1796, et comment cette voix, jadis si puissante, se trouvait-elle alors si dédaignée ? Ah ! c’est que le génie tant nié par Priestley, c’est que le génie dont il n’avait jamais compris le pouvoir immense était venu lui donner un éclatant démenti. Épurées et vivifiées par sa flamme vengeresse, les observations de Priestley, jadis en désordre, s’étaient coordonnées comme les parties de l’édifice le plus régulier ; et après avoir applaudi aux efforts de l’ouvrier heureux, qui savait tirer de la carrière des blocs du marbre le plus beau,