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PRIESTLEY.

surprise, elle y brûle. Pourquoi cette épreuve ? Il l’ignore. « Si, dit-il, je n’avais eu devant moi une chandelle allumée, je n’aurais pas fait cette épreuve, et toute la suite de mes expériences sur cette espèce d’air serait restée dans le néant. » Marchant ainsi de surprise en surprise, d’un hasard à l’autre, il en arrive à établir que ce gaz est un produit nouveau, homogène, la partie respirable et comburante de l’air, magnifique conclusion sans doute, mais qui, loin de prouver que le génie n’est qu’un mot, ou qu’on peut s’en passer, prouve seulement combien est grande la puissance de l’expérimentation ; car c’est bien à elle qu’appartient toute la gloire de cette découverte.

Après avoir obtenu l’oxygène par une suite de hasards, il examine les phénomènes de la respiration, et, s’il faut l’en croire, c’est sans y penser qu’il a trouvé la solution de ce grand problème, qui aurait, dit-il, éludé toutes les recherches directes.

Après vous avoir montré le culte que Priestley rend au hasard, pour compléter l’exposition de sa Philosophie, il suffit de rappeler une de ses opinions favorites. « Plus un homme a d’esprit, plus il est fortement attaché à ses erreurs, son esprit ne servant qu’à le tromper, en lui donnant des moyens d’éluder la force de la vérité. » À ce compte, certes jamais homme n’eut autant d’esprit que Priestley,