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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

le hasard a fait pour lui ; il a même beaucoup exagéré et ne s’est pas rendu compte de la part que son raisonnement avait eue dans les succès de ses travaux. Mais, quand il étend à toutes les découvertes humaines cette influence du hasard, il commet une erreur monstrueuse, que combattent, au lieu de l’appuyer, son histoire elle-même et ses écrits, tout imprégnés qu’ils soient de son orgueilleuse humilité.

Il m’est impossible d’analyser ses Mémoires, précisément à cause de ce luxe de détails dont il les surcharge, et qui semblent avoir pour objet de vous initier au travail intérieur de son esprit. Initiation curieuse et profitable, s’il s’agit du travail d’un esprit logique, mais dont l’utilité me semble très-contestable, quand elle se borne à nous donner une énumération d’accidents fortuits toujours plus forts que la pensée de l’auteur.

S’agit-il de la découverte de l’oxygène, de cette découverte qui devait renouveler la face des Sciences naturelles, il trouve que l’oxyde rouge du mercure lui fournit un gaz. Il confond ce gaz avec le protoxyde d’azote. Quelque temps après, il l’essaye avec le bioxyde d’azote, comme s’il s’agissait d’analyser l’air, et il est tout surpris de voir rougir le mélange ; alors il le confond avec l’air. Mais par hasard il plonge une bougie dans le résidu et, à sa grande